Le jour même où le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez Pérez-Castejón, fait sa "tournée africaine", avec une visite officielle au Sénégal, et pendant que je regarde l'image de la clôture de la campagne Espagne-Sénégal Business Forum, je reçois la nouvelle de la publication d'un livre duquel, il y a des mois, on m'avait proposé d'écrire le prologue.
En juillet 2019, j'avais hâte de collaborer à la publication de ce livre sur «Alpha Pam, le destin d'un migrant», invité par son auteur le majorquin Miquel Palou-Bosch.
Puis il m'est venu à l'esprit que six ans en arrière, en 2013 donc, j'avais personnellement et intensément rejoint la foule des gents qui s’etaient activement mobilisés pour défendre ce jeune artiste sénégalais décédé de TUBERCULOSE à l’île espanyole de Majorque, par manque des soins de santé publique qu'une société si démocratique comme la nôtre devrait offrir à tout citoyen souffrant d'une maladie curable comme celle-ci.
Quelques années plus tard, aujourd'hui, je suis très heureux de voir et de lire ce livre édité par le citoyen majorquin Miquel Palou-Bosch, que j'ai contacté plusieurs fois, par e-mail, et qui, très gentiment, me l'a fait arriver ce 9 avril 2021.
Il contient un prologue, six chapitres, deux annexes, quatre appendices et une bibliographie étendue qui s'ouvrent sous mes yeux et que je commence à lire avec empressement.
J'ai relu le prologue que j'avais écrit il y a quelques mois et qui comprend, plus ou moins brièvement, le contenu de l'ouvrage écrit par Miquel Palou-Bosch et les raisons qui me poussent à écrire un prologue, l'un des rares que j'ai écrit en espagnol cette année, dans lequel on revient brièvement sur les étapes de la vie de ce jeune immigré sénégalais, musicien et poète, qui, de manière incompréhensible, meurt de la tuberculose, sur l'île de Majorque, où il est arrivé avec un ami, Kalidou Gaye.
Entre beaucoup de choses, ce livre traite des soins de santé publique que les citoyens de ces îles espagnoles de la mer Méditerranée méritent, et qui ne sont pas toujours fournis par les autorités espanyoles comme il se doit et comme la population insulaire a besoin.
Je ne peux pas m'empêcher de mentionner la déclaration si expressive qu'a fait un beau jour la très honorable députée régionale Fina Santiago, membre d’une formation politique à gauche. À un moment donné de son discours parlementaire, et aussi sur les médias et réseaux sociaux, elle en est venue à reconnaître que «Pam, s'il avait eu la carte santé, il serait vivant encore; voilà le drame».
Tout au long du prologue, je fais également allusion au film de Pedro de Echave et Javier González, deux jeunes cinéastes espagnols qui l’ont posé par titre "Mort accidentelle d'un immigré, le cas d'Alpha Pam" ; qui a été présenté à la ville de Palma en juillet 2014.
Alors, ma bonne amie Núria Abad m'avait informé avec une grande précision, comme on dit à Majorque «clar i català » (clairement et en catalan), du fait qu'un groupe de professionnels du secteur audiovisuel avait réalisé un documentaire qui racontait l'histoire d'Alpha Pam. Permettant le «financement participatif» à «Goteo», ils avaient ouvert un compte auprès de la banque Caixa Colonya afin de couvrir les coûts liés à la réalisation de ce film.
Je me souviens aussi que déjà en juillet 2013, j'avais assisté au concert organisé par «Factoria So», une association culturelle majorquine des gents unies par la musique et les arts au domaine de Son Llaüt, dans la ville de Santa Maria, au profit de ce documentaire sur Alpha Pam.
Dans le même prologue, je me concentre aussi sur la plainte portée par le cabinet d'avocats dirigé par Pablo Alonso de Caso qui voulait se plaindre contre les plus hauts responsables des établissements de santé publique insulaires, le 13 mai 2013.
Le mois septembre suivant, il avait lui-même participé au rassemblement du groupe de personnes qui s'étaient regroupés devant l'entrée des tribunaux de la ville de Palma, la capitale de l'île de Majorque.
Nous étions là pour exiger que justice soit faite dans le cas d'Alpha Pam, en qualité de membres de plusieurs organisations sociales: Associació Drets Humans de Mallorca, Associació de Senegalesos de Mallorca (ASEMA), Confederació General del Treball de les Illes Balears (CGT-Balears) et Unió General de Treballadors a les Illes Balears (UCA-BALEARS-UGT)…
Cinq ans plus tard, en 2018 donc, la possibilité de saisir les tribunaux était étonnamment bloquée. L'autorité de la Cour d'Instruction no. 2 de Palma a décidé d'imposer une caution solidaire de 12.000 euros, à verser par les plaignants, d'un montant nominal de 3.000 euros chacun. Malheureusement nous n'avons pas compté...
J’ai voulu conclure le prologue de ce livre en rappelant que la lecture de cet ouvrage de Miquel Palou-Bosch peut aider non seulement à revivre les circonstances malheureuses de la mort d'Alpha Pam, mais aussi il invite également à réaliser une réflexion plus approfondie sur les mesures les plus appropriées qu'auraient dû prendre les autorités supérieures dans le domaine de la santé publique à l’île espanyole de Majorque à ce moment-là.
La situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement à cause de ce qu'on appelle ‘pandémie’, continue d'être un exemple plus qu'évident à considérer et à examiner…
Dans le cas d'Alpha Pam, je crois et je pense qu'à ce jour encore aucune justice n'a été rendue. Toutes les responsabilités n'ont pas encore été dégagées au plus haut niveau institutionnel.
Je termine définitivement le prologue, notant le contraste explicite que cela suppose avec le cas d'un autre immigré maghrébin, marocain, que j'ai suivi de près en 1996. Sa dépouille mortelle a subi un processus d'incinération des plus inimaginable et indigne, par la compagnie funéraire municipale de Palma.
Dans cette dernière affaire, cependant, grâce au travail professionnel d'un bon avocat, coutumier défenseur des affaires les plus nobles possibles, les tribunaux en sont venus à statuer sur une réparation à la hauteur du préjudice causé aux proches du défunt.
Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, dans le cas d'Alpha Pam le résultat n'a pas été le même.
Avec cette écriture sur mon blog, j'ose proposer à chacun une lecture complète et attentive de ce livre de Miquel Palou-Bosch.
Cecili Buele i Ramis.
Activiste social majorquin, afro-descendent. Ancien conseiller municipal de la ville de Palma. Ancien
ministre de la Culture et de la Jeunesse du Gouvernement de Majorque.
Ancien membre du Parlement des Îles Baléares.
(Texte traduit du catalan au français, grâce à la collaboration désintéressée des bons amis à moi, Teo Vidal et Maria Benejam, de Perpignan. Très reconnaissant. Merci beaucoup!)
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